HAPPY GO LUCKY LOCAL, extrait du CD.
Revue de presse
« DUKE FOR EVER »
HIT Couleurs Jazz – CHOC Jazz Magazine – Sélection Jazz Hot.
MS042022CD – Dans les bacs : 23 septembre 2022.
Claude Tissendier (lead, arrangements, alto sax, cl.), Laurence Allison (vo), Philippe Chagne (baryton sax;, cl basse, Jean-Pierre Rebillard (b), Alain Chaudron (dr).
Claude Tissendier a beaucoup écrit pour des ensembles de saxophones. Il y eut en 1987, son Saxomania (2 altos, 2 ténors), puis tout récemment, le New Saxomania (soprano, alto, 2 ténors, baryton). Pour « Duke For Ever », la suite de cette belle aventure, Claude s’est inspiré du rôle prépondérant joué par l’alto et le baryton dans les arrangements conçus par Duke Ellington pour la section de saxophones de son big band (2 altos, 2 ténors, baryton). Le tour de force ici consiste à en restituer l’ampleur par une habile réduction des cinq voix d’origine à deux seulement, celles de l’alto et du baryton. C’est ce que l’auditeur ressent à l’écoute de Take the A Train et de Happy Go Lucky Local qui donnent l’impression d’être interprétés par une section de saxes plus étoffée.
L’autre attrait de ce disque est de faire entendre une variété de timbres produite par différentes associations instrumentales chères à Duke Ellington : l’une amenée par la formule clarinette – baryton, bien adaptée au tourbillon rythmique de Rockin’ In Rhythm, l’autre associant la clarinette basse, rarement rencontrée dans le contexte du jazz classique, à la clarinette du leader. Cette combinaison engendre de nouveaux alliages sonores surtout quand s’intègre à ces deux voix, celle de Laurence Allison traitée de manière instrumentale (Azure).
En l’absence de piano compensée par des lignes mélodiques suggérant la trame harmonique, les différents intervenants, stimulés par le jeu souple et ferme de Jean-Pierre Rebillard et les relances du maître rythmicien Alain Chaudron, improvisent des solos de belle facture amenant authenticité et vigueur à une musique qu’ils connaissent bien. Philippe Chagne intervient avec autorité au baryton (U.M.M.G) et à la clarinette basse (Azure) dont il tire le meilleur parti.
Claude Tissendier marque d’une empreinte personnelle des solos inspirés où vibre le souffle de Johnny Hodges (Isfahan) et de Barney Bigard (I’m Checkin’ Out, Goombye). Laurence Allison fait montre de belles qualités en servant un répertoire qui lui convient à merveille. Son phrasé est précis et bien articulé, sa mise en place irréprochable et sa diction immaculée. Elle scatte avec vigueur (Take The A Train) et exploite avec musicalité les ressources du tempo lent (Solitude). Bref, son chant met en valeur la musique sublime de Duke Ellington (Prelude To a Kiss) et les paroles dont elle est parfois l’auteur (U.M.M.G., Transblucency, On a Turquoise Cloud). Un album réussi marqué par l’heureux mariage de l’écriture et de l’improvisation.
Alain Tomas